Optimisation dans le choix des variétés, désherbage mécanique, moment opportun pour semer… Certaines pistes sont déjà mises en œuvre par les planteurs de betteraves belges pour s’adapter à la baisse de l’utilisation des pesticides.
En avril 2018, l’Union européenne prenait la décision d’interdire trois pesticides néonicotinoïdes – la clothianidine, le thiaméthoxame et l’imidaclopride – pour les cultures de plein champ. La décision, qui permet tout de même les usages sous serre, est entrée en vigueur mi-décembre 2018. La Belgique, qui s’était abstenue lors du vote, a obtenu une dérogation de 120 jours pour les secteurs de la betterave et de la chicorée. Denis Ducarme, ministre fédéral de l’Agriculture, expliquait alors : « Notre pays - la Belgique - est le seul en Europe à être atteint à l’échelle de l’ensemble de son territoire par la jaunisse de la betterave véhiculée par les pucerons. Ni les Pays-Bas, ni la Rhénanie, ni l’Angleterre, ni la France ne sont atteints dans une telle proportion. »
7% du total des néonicotinoïdes vendus en Belgique sont utilisés dans le secteur betteravier (soit près d’1/10e de cette classe de produits). Ils sont enrobés sur la semence et visent à lutter de façon préventive contre des maladies virales comme la jaunisse, transmise par des pucerons au tout début de la mise en culture. Ils permettent aussi de faire face aux insectes ravageurs (pégomye, noctuelle, puceron) menaçant les betteraves. Dans une note technique de septembre 2016, l’Institut royal belge pour l’amélioration de la betterave (Irbab) estimait que « les pertes de rendement dues à la jaunisse virale peuvent varier de 20% à 40% en absence de protection ». Maarten Trybou, directeur du service produit phytopharmaceutiques du SPF Santé publique, soulignait, après l’abstention belge, que l’interdiction des trois substances obligerait les agriculteurs à protéger leurs cultures avec d’autres pesticides comme les pyréthroïdes, qui « affectent négativement toute une série d’insectes, dont les abeilles ».
Alors, dans un contexte global de réduction des matières actives phytosanitaires – depuis la fin des années 1980, leur utilisation a diminué –, quelles alternatives et stratégies durables peuvent mettre en place les betteraviers ? Plusieurs solutions s’offrent à eux.
> Choisir le bon moment pour semer les betteraves
Pour lutter contre les pucerons, il est conseillé de semer dans une terre réchauffée (plus ou moins 10°C). La betterave devrait alors avoir une croissance plus rapide et l’impact des attaques de pucerons en sera réduit. Par ailleurs, des rotations diversifiées et longues (six ans) avec introduction de cultures nettoyantes (prairie temporaire, pommes de terres) peuvent aussi entraîner une réduction de l’usage de phytosanitaires.
> Optimiser la sélection variétale
Certaines variétés plus rustiques de betteraves semblent présenter moins de sensibilité aux maladies foliaires cryptogamiques telles que l’oïdium, la cercosporiose, la ramulariose ou encore la rouille, qui sont chaque année plus ou moins répandues dans les parcelles. L’Institut technique de la betterave explique ainsi que « valoriser la résistance variétale peut s’avérer plus efficace qu’un traitement chimique ».
Ainsi en France, via le Resobet-Fongi - un réseau de surveillance des maladies foliaires des betteraves -, des essais sont régulièrement menés. Il en résulte que le choix des variétés permet de diminuer le nombre de traitements. Par exemple, « faire le choix d’une variété plutôt résistante à l’oïdium a permis d’économiser le second traitement sur 20 % des parcelles en cas d’attaque dominante de cette maladie ». Le choix de la variété doit bien sûr être adapté aux critères agronomiques (rotation courte, levée généralement difficile, risque de montées à graines…). Par ailleurs, en cas de récolte tardive, l’idéal est de se tourner vers une variété de betterave tolérante aux maladies foliaires afin de maintenir une croissance automnale de la racine. Il est également conseillé de préférer des variétés confirmées – à savoir expérimentées depuis au moins deux ans – , peu sensibles aux variations climatiques.
En ce sens, le programme AKER – qui vise à améliorer la compétitivité de la betterave en France à l’horizon 2020 – travaille en ce moment à la création de nouvelles variétés plus performantes, en intégrant davantage de diversité génétique.
> Désherber mécaniquement les champs de betterave
Comme dans d’autres grands cultures, certaines adventices poussant dans les champs de betteraves sont devenues résistantes à des herbicides. L’Irbab estime donc que dans certains cas, le désherbage mécanique est la solution à adopter. L’Institut explique ainsi que cela peut « considérablement ralentir le développement de la résistance et améliorer l'efficacité des schémas de contrôle des adventices en années sèches » et rappelle que dans les années à venir, la nécessaire réduction des doses de matières actives phytosanitaires obligera à lutter de façon mécanique pour maintenir l'efficacité.
Le désherbage mécanique, lorsque les conditions climatiques sont favorables (sol sec et ferme, absence de pluie) et alors que la betterave atteint le stade quatre feuilles, peut en effet permettre d’éviter l’application d’un traitement chimique.
Ces bonnes pratiques ne sont pas systématiques et doivent être adaptées en fonction de chaque culture. C’est aussi sans compter sur les experts GREENOV, qui planchent actuellement sur la recherche d’alternatives durables pour les betteraviers belges. N'hésitez pas à nous solliciter !