Vigne : quels enjeux et quelle conduite culturale en bio ?

La France est le premier exportateur de vin au monde et dans le trio de tête international des producteurs. La part du vignoble bio augmente chaque année et de nouvelles questions techniques se posent, comme celle de la limitation de l’utilisation du cuivre.paysage vigne

Aujourd’hui en France, une exploitation agricole sur cinq – environ 85 000 – a une activité vitivinicole. 750 000 hectares de terres sont ainsi consacrés à la vigne : c’est environ 3 % de la surface agricole utile, mais 15 % de la production agricole en valeur (plus de 550 000 emplois directs et indirects). Le vin est dans notre pays l’alcool le plus bu et nous sommes parmi les plus gros consommateurs au monde.

La France, l’Italie et l’Espagne se partagent la moitié de la production mondiale de vin. Ainsi, en 2018 (bonne année), l’Hexagone a produit 49,1 millions d’hectolitres. Si l’Espagne est le pays qui possède le plus de vignes au monde, l’Italie est le plus grand producteur en volume. Les Américains et les Chinois, eux, boivent davantage de vin qu’il y a quelques années. Le vignoble chinois progresse d’ailleurs chaque année davantage (870 000 hectares de terre en 2017), même si sa production de vin reste bien en deçà du trio de tête (9,1 millions d’hl en 2018).

Comment se différencier ?

Par ailleurs, l’Hexagone est toujours le premier exportateur de vin au monde, avec des chiffres records en 2019 : + 5,9 % par rapport à 2018 (14 milliards d’euros), en comptabilisant les spiritueux. Malgré tout, ses parts de marché diminuent et elle doit faire face aux nouveaux arrivants. L’une des clés ? La différenciation.

Ainsi, la part du vignoble bio ne cesse d’augmenter : en 2018, 9,3 % du vignoble français était en bio (+20 % par rapport à 2017) et 2,2 millions d’hectolitres étaient ainsi produits. Cette production devrait doubler, atteignant plus de 4 millions d’hl en 2023 pour répondre aux besoins du marché grandissant, selon une étude Millésime bio/ISWR.

Certains professionnels choisissent de se démarquer en produisant des vins sous appellation AOC (AOP au niveau européen), misant ainsi sur la notion de terroir, et respectant un cahier des charges précis. Le label permet d’atteindre davantage de marchés. Mais des vignerons optent aussi délibérément pour la sortie de l’AOC/AOP qu’ils jugent trop contraignante afin de travailler des cépages (historiques notamment) qui ne rentrent pas dans le cahier des charges et/ou d’assembler leur vin comme ils le souhaitent.

Vie du sol et prévention

Depuis 2012, un « vin biologique » est composé de raisins certifiés bio, avec une vinification particulière par rapport aux vins non bio (teneur maximale en sulfites inférieure…). Le vin bio peut aussi être sans soufre ajouté, mais pas forcément.

La conduite culturale d’une vigne en bio diffère donc d’une vigne en agriculture conventionnelle. Les objectifs – multiples – sont notamment de favoriser l’activité biologique du sol, d’améliorer sa stabilité, de limiter les risques d’érosion, de minimiser le recours à des ressources non renouvelables (espacer les tontes, grouper des interventions…), valoriser la matière organique disponible (déchets végétaux). Une connaissance très fine du sol (phases, caractères pédologiques, texture…) et du terroir, ainsi que le choix de cépages résistants, sont deux des étapes clés pour la réussite d’une vigne en bio.

La protection du vignoble en bio passe par la prévention : préserver la faune auxiliaire, aérer les grappes (pour limiter le développement du botrytis), maîtriser la vigueur de la vigne (pour stopper le botrytis, le mildiou, les acariens)… L’usage des désherbants contenants des molécules de synthèse étant interdit, l’objectif est aussi de contenir les adventices avec le travail mécanique du sol (et la tonte sous le rang par exemple).

Cuivre et alternatives en biocontrôle

Même si elles sont restreintes, il existe quelques molécules « naturelles » utilisables en protection phytosanitaire. Parmi les principales matières actives ? Le cuivre, notamment pour lutter contre le mildiou et la nécrose bactérienne. Problème, non biodégradable, il s’accumule dans le sol, ce qui a, selon l’Inra, « des effets néfastes sur la croissance et le développement de la plupart des plantes, sur les communautés microbiennes et la faune des sols ». Depuis février 2019, son utilisation a donc été limitée à 4 kg par hectare et par an (lissage sur sept ans), contre 6 kg par hectare et par an (lissage sur cinq ans) avant. Le ministère de l’Agriculture indique néanmoins que le lissage relève du cas par cas et est précisé dans l’autorisation de mise sur le marché des produits.

Ce dernier a par ailleurs publié une feuille de route pour la diminution de l'utilisation du cuivre – en lien avec un rapport de l’Inra sur ce sujet. Parmi les solutions et pistes, on note le recours (et la recherche autour de) au biocontrôle, permettant de stimuler les capacités de résistance de la plante et d’agir directement sur un pathogène.

Peu de solutions sont aujourd’hui fiabilisées, et il s’agit désormais d’un axe de recherche majeur des Instituts techniques et des partenaires de l’agrodistribution afin de développer et proposer des alternatives crédibles au « tout chimique » ou au « tout cuivre ».

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Sources

  • Comité national des interprofessions des vins à appellation d’origine et indication géographique
  • Consommation et production mondiale : quel avenir pour le vin bio ?, Millésime bio, décembre 2019
  • Inao
  • Conduite du vignoble en agriculture biologique, Chambres d’agriculture Aquitaine, Limousin, Poitou-Charentes, juin 2016.
  • La protection de la vigne en agriculture biologique, Tech’Itab.
  • Guide des produits de protection des cultures utilisables en France en agriculture biologique, Itab, mai 2018.
  • Feuille de route pour la diminution de l’utilisation du cuivre en agriculture biologique, ministère de l’Agriculture, juillet 2019
  • Peut-on se passer du cuivre en protection des cultures biologiques ?, Inra, janvier 2018

 

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