Nouvelle sucrerie, mise en place de pratiques plus durables… La filière betterave belge tente de se réorganiser pour faire face à la surproduction mondiale et à la baisse des prix du sucre.
Depuis octobre 2017, les quotas sucriers européens, en vigueur depuis 1968, ont été levés. Ce système limitait la production européenne à près de 14 millions de tonnes annuelles tout en garantissant un prix minimum aux agriculteurs et transformateurs. Cette libéralisation du marché permet donc désormais à chaque entreprise de produire – et d’exporter - autant qu’elle le souhaite, sans contraintes de volumes, mais les prix ne sont plus garantis.
L’impact de la fin des quotas n’a en réalité pas tardé à se faire sentir. Dans l’Union européenne, la production de sucre a augmenté de 25% en 2018. L’Organisation internationale du sucre (OIS) a chiffré à 10,51 millions de tonnes l’excédent de sucre sur le marché mondial en 2017-2018. L’Inde et la Thaïlande (respectivement deuxième producteur et le deuxième exportateur au niveau mondial) ont ainsi beaucoup plus produit, bénéficiant d’une météo propice et, concernant l’Inde, de subventions du gouvernement. En sus, fin 2018, les betteraviers belges étaient très inquiets de la chute du prix du sucre européen : -30% par rapport à septembre 2017 (360 euros la tonne, contre 490 euros la tonne en 2017).
En parallèle de cette conjoncture peu favorable, la demande en sucre pourrait baisser. Une étude hollandaise de Rabobank indiquait, en 2017, que la consommation de sucre déclinera, au niveau mondial, d’ici aux quinze prochaines années, notamment parce que les citoyens changent leur manière de consommer.
La filière belge s’oriente donc vers une réorganisation pour faire face à ces différents nouveaux enjeux économiques et opérer une différenciation face aux autres producteurs internationaux. Comment ? Voici quelques éléments de réponses.
Un projet de nouvelle sucrerie à Seneffe (région wallonne, province de Hainaut) qui traiterait 14000 tonnes de betteraves par jour est actuellement en cours. Celle-ci fonctionnera en coopérative puisque les betteraviers en seront les principaux actionnaires. Elle pourrait créer 90 emplois en équivalent temps. Depuis 2016, les planteurs de l’ABW, l’Association des betteraviers wallons, étudient ainsi sa faisabilité.
Si l’objectif premier est bien de pérenniser la rentabilité de la culture betteravière en Belgique, les betteraviers à l’origine du projet veulent aussi une usine performante et durable, avec notamment l’installation d’une centrale turbine gaz pour produire l’électricité et la chaleur nécessaires au fonctionnement de l’usine. Ils indiquent par ailleurs que « la performance énergétique inédite de l’usine lui permettra d’être moins sensible aux deux aléas économiques principaux que constituent une diminution du prix du sucre et/ou une hausse du prix de l’énergie fossile ». Ces choix (automatisation, procédés, énergie…) permettent de rendre la transformation plus compétitive et ainsi, de dégager une marge de transformation plus élevée, pour au final proposer un prix plus élevé aux betteraviers, expliquait Benoît Haag, coordinateur de la CoBT (coopérative des Betteraviers Transformateurs), dans Le Betteravier de février 2019.
Les betteraviers belges ont, depuis quelques années, un intérêt manifeste pour des pratiques culturales plus durables et responsables. Ainsi, l’Institut royal belge pour l'amélioration de la betterave, l’Irbab, organise régulièrement des journées techniques avec des interventions sur le désherbage, la baisse de l’utilisation des phytosanitaires… et remarque, par le nombre de betteraviers présents, que ces derniers sont impliqués et intéressés par le sujet.
L’Irbab évoque notamment l’intérêt du désherbage combiné (chimique-mécanique). Dans la mesure où de nombreux adventices se sont adaptées et résistent désormais aux herbicides, le désherbage mécanique – dans des conditions météorologiques propices - est parfois la solution, via l’utilisation de diverses machines : bineuse, herse étrillle, houe rotative, désherbineuse.
L’an passé, en 2018, la raffinerie Tirlemontoise a lancé des essais de cultures de betteraves bio. En 2019, les premiers contrats de betteraves sucrières en agriculture biologique devraient être établis. Aujourd’hui en Europe, le sucre bio de betterave vient d’Allemagne, d’Autriche et de Suisse (10 000 tonnes/an, chiffres Agence bio 2010). En France, des projets sont aussi à l’étude, avec des initiatives en Deux-Sèvres, en Bretagne (Breizh Sukr) ou encore en Hauts-de-France.
Ces multiples efforts impliquent de trouver des alternatives durables afin d’accompagner la baisse de l’utilisation des produits phytosanitaires en culture de betteraves. Les spécialistes de GREENOVⓇ sont pleinement conscients de ces enjeux et comptent bien mettre leur expertise au service de cette révolution sociétale. Contactez-les !